MOTS D’ENFANTS : LOMA LOMA

-Prout !

-Dis pardon !

-Pardon, p’tites fesses!

 

Quand j’aurai 12 ans, j’aurai mes règles et Tao aura ses spermes.

Je n’aime pas être enfermée, je suis bistrophoble.

 

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MOTS D’ENFANTS : TAO

Mon papy, quand il était grand, il était docteur.

Dis mamie, papy quand il était bébé, il était dans ton ventre ?

D’abord on est un bébé, après on devient un papa, une maman, un papy, une mamie, après on disparaît, on redevient une fleur, un papillon et ça recommence.

Ma petite soeur, elle a des fesses devant et derrière.

J’ai besoin d’une épuisette pour attraper la lune dans le ciel.

On dirait pas que tu es une mamie, tu n’as pas beaucoup de petits traits sur la figure.

Qui c’est Cupidon ? Ah oui, le p’tit gars en slip qui lance des flèches ?

 

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L’AUGUSTINE ET LA FERNANDE

Augustine et Fernande habitaient un petit coin de campagne.

La première avait une vie des plus rudimentaires et avait remplacé la télévision ( qu’elle n’a jamais possédée ) par la fenêtre de sa cuisine. Cette cuisine lui servait d’ailleurs de salle à manger, de chambre et de » salle de bain ». Elle passait donc ses journées derrière l’écran de sa fenêtre. Celle-ci se trouvait être dans une position stratégique puisqu’elle donnait sur la place du village et sur l’église.

Fernande, elle, depuis son veuvage, occupait l’arrière de la maison avec ses trois enfants. Augustine ne s’entendait pas très bien avec sa bru car elles avaient ceci en commun : un caractère bien trempé et le verbe haut.

Les trois garçons s’amusaient à jouer des tours à leur » vieille Sidorine « de grand-mère.

« Sapré jeunes, encore à baguenauder dans ma cour !

-Question d’ça, répliquait la bru, faut pas leur en promettre, surtout l’beau Clôde !

-Quoi qu’tu dis ? Tu f’rais mieux d’les envoyer courir dans la côte à cailloux, sifflait l’Augustine, y sont là à rôder d’vant ma pierre à eau. Et toi, qu’est-ce que tu fais pendant c’temps là don ? C’est-y l’curé qu’est venu frapper à ta porte ? ça fait ben trois fois d’puis hier !!

-Comment don, qu’est-ce que vous insinuez par là ?

-Par là j’insinue fichtre rien mais je sais c’que j’ sais ! »

De guerre lasse, Fernande était souvent la première à capituler et elle s’en allait pleurer de rage dans sa cuisine à elle. Mais Augustine remplaçait à elle seule tous les médias du coin et, sans quitter son poste avancé, elle donnait à Fernande, trop occupée, l’ opportunité de se tenir au courant des nouvelles du bourg. A elle de faire le tri dans tous ces ragots !

Un matin, en ouvrant ses volets, Fernande remarqua que la fenêtre d’Augustine était restée fermée. Prise de curiosité plutôt que de panique, elle pousa la porte qui communiquait avec la cuisine de sa belle-mère et s’approcha de son lit. Augustine sursauta et éructa:

« Quelle heure qu’il est don?

-Il est neuf heures, j’ai bien cru que j’allais vous trouver parterrée au beau milieu d’la carrée!!

-Eh la, c’est la première fois que j’me rendors comme ça, j’aurai d’ beaux yeux à Pâques ! Par le fait, j’ai grelotté toute la nuit, j’avais froid les pieds!

-Faut dire qu’il fait pas trop beau, le temps s’peusit, va nieuter, c’est pas l’temps des c’rises ou des m’lons!

-Ah bon? Y broussine don? »

En voyant Augustine en état inhabituel de faiblesse, Fernande qui n’était pas méchante pour deux sous, éprouva presque de la pitié pour cette femme rude que la vie n’avait pas épargnée.

Cet instant de « tendre complicité » ne dura guère: l’Bernard entra en trombe dans la cuisine en criant dans tous les sens: « La vieille Sidorine aura d’beaux yeux à Pâques, eu….! »

Augustine se leva d’un bond, oubliant qu’elle était en chemise et culotte fendue! « Tiens, Mémère, tu mets un short maintenant?  » Toute honteuse, Augustine ne souffla mot.

Petit Bernard était le seul à lui clouer le bec, il faisait d’elle ce qu’il voulait. Il faut dire qu’elle s’était mis dans la tête que des trois, c’était lui qui ressemblait le plus à son fils trop tôt disparu. « Ma chérie belle » lui disait-elle, oubliant que c’était un garçon.

Quand Fernande accoucha de son cadet, dans la chambre donnant sur la ruellotte, les femmes de la famille se trouvaient là, devant son lit de douleurs. Lorsque Alphonsine, la sage-femme, la délivra, Fernande avisa tout de suite la pompe et les deux sacoches qui firent de Bernadette un Bernard de neuf livres. Quelques mois plus tard, à deux mille kilomètres de là, naissait la deuxième fille du beau brun ( encore une fille! ) que Dame Nature avait réservée au p’tit Bernard.

Grand merci l’Augustine et la Fernande !!!!

lexique

sapré: forme superstitieuse de « sacré »

baguenauder: aller de ci de là

pierre à eau: évier

parterrée: étalée par terre

carrée: chambre

j’aurai d’beaux yeux à Pâques: j’aurai de beaux oeufs à Pâques ( quel rapport ? Je l’ignore! )

le temps s’peusit, va nieuter: le temps n’est pas au beau, il va pleuvoir

broussiner: pleuvoir légèrement

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LES AVENTURES DE FIFINE ET MARINETTE

b0000300.JPG« Fifine, Fi….Fi…..ne!!

-Oh Nénette, crie pas comme ça, qu’es tia ?

-Tié là! Tia fait l’boulevard, samedi, ma fille?

-Oui mais j’ai fait tchoufa!!

-Tia fait tchoufa? C’est pas vrai, tia pas vu le beau brun?

-Ma mère! Oui je l’ai vu, il était avec une grosse pouffiasse, une vraie malle arabe!

-Fifine, la purée d’nouzot! Je crois pas! tia le mal de ojos ou quoi?

Tu l’as dit, il me reste juste les yeux pour pleurer. Qué menteur dis, la tchache, la

tchache et rien d’autre.

-Tié triste! Faut pas ma fille, faut pas.

-Il était si gentil pourtant, mon chéri!

-Chéri, chéri, los huevos oui! Et gentil, n’a qu’un oeil et toi t’yen as deux!

-Que tié! Je vais me tuer oui!

-ça va pas Fifine, si tu meurs ta mère elle te tue! Venge toi va! Tiens, envoie lui

Haicha kandicha ou la Boussadia pour lui faire peur, fais lui croire qu’ya des

jnouns chez lui!!

La figa de tu abuela! Tia raison ma soeur!

-Viens manger mon couscous avec moi, va! Il est bon qu’il en peut plus, j’ai mis

beaucoup de harissa dedans.

-Après on va payer la douane!

-ça fait rien. Va, tu vas en trouver un autre, un que plus beau que lui tu meurs!

T’en fais pas, va, c’est mektoub ! »

BOUSSADIA: méchante sorcière, en Tunisie

FAIRE TCHOUFA: échouer

HAICHA KANDICHA: méchante sorcière, au Maroc

HARISSA: purée de piments

JNOUN: fantôme

LA FIGA DE TU ABUELA: la figue de ta grand-mère (insulte plutôt grossière! )

LOS HUEVOS: les oeufs (insulte )

MAL DE OJOS: mauvais oeil, poisse

MALLE ARABE: gros cul

MEKTOUB: le Destin

ON VA PAYER LA DOUANE: on va avoir des coliques

TCACHE: bagout, parole facile

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PETIT PRECIS PIED NOIR A L’USAGE DES NON INITIES OU LES AVENTURES DE FIFINE ET MARINETTE

b0000837.JPG« Madame Jimenez!
-Oui, je suis là Fifine, joé tché, nena comme tié belle avec tes gros tétés, comme tiétais comme tié devenue! Tié amoureuse ou quoi?
-Je me suis fait la beauté, vous savez que je fais le boulevard ce soir.
-C’est vrai, tu veux revoir le beau brun qu’il est beau qu’il en peut plus?
-Oui, il fait le zouave avec son sarahouel et sa chéchia, il est beau le pôvre mais un peu mince, on dirait un stockfisch!
-T’en fais pas, avec son air de con et sa vue basse, je crois que c’est un bon parti, mais j’en reviens pas, bien belle que tié! Tu veux boire le café? J’ai fait des montécaos et il reste de la mouna et des roicos, ça te dit? Allez viens, je fais chauffer le béred.
-Non, c’est gentil, Marinette m’a dit de passer, elle a préparé l’anisette et la kémia, si je me dépêche pas, elle va me faire une soupe de fèves!
-La purée d’nous autres, celle-là avec ses yeux de merlan frit, qu’est-ce qu’elle se croit? Elle est complètement syphonnée, on dirait une babalouc avec ses tchanclettes.
-Oui, c’est vrai qu’elle a un oeil qui dit merde à l’autre mais c’est une bonne copine, vous savez qu’elle est de Bône?
-Ah bon, là où le cimetière envie de mourir il te donne?
-Oui, son père tenait un janout là-bas, il est parti, maintenant c’est devenu une vraie zriba.
Colionse, c’est vraiment une famille de jayouyos, je le connais lui, il est peigné à la zlag, il a l’air tout tchouméo avec ses mojos, même son bourricot il a l’air plus intelligent.
-Madame Jimenez, dites pas de mal, va. Quest-ce que c’est ce zboub?
C’est ma gamelle pour préparer le déj’ner, je vais mettre les légumes sur le potager, je crois que je vais faire des migas et de la frita avec du riz, j’espère qu’il sera pas gatchas comme l’autre fois.
-Vous en faites pas, vous faites toujours bien à manger, je me suis régalée l’autre jour avec votre potajé et vos pelotas. Hijo mio, où tia vu des pelotas bonnes comme celles-là? Cogno, même à Bélabès ou à Béchar y en a pas!!
-La putain d’ta race! Merci ma fille pour le compliment. Il faut que j’aille faire ma pastenchout. Tiens il pleut, otra sardine al fuego! Je me dépêche autrement mon homme il va manger des tchanflis ou des gatsoungoul et gagatzoul. Ya de l’eau partout, y faut qu’j’aille chercher le chiffon de parterre. Oh! ya les égoûts qui remontent, ça pue, un vrai cimetière !
-Allez, au revoir Madame Jimenez!
-Au revoir Fifine fais attention ce soir, ne pêche pas !!
-Vous en faites pas, j’suis pas une bonne pièce, moi!  »

LEXIQUE

Babalouc: idiot
Béred: theière
Bonne pièce: fille facile
Bourricot: âne
Chanclettes: savates
Chéchia: coiffure rouge africaine
Cogno: con
Colionse: couillon
Faire une soupe de fèves: faire toute une histoire
Frita: plat hispano pied noir composé de poivrons frits et de tomates
Gatchas: gâché
Gatsoungoul et gagatzoul: rien du tout
Hijo mio: mon fils (pour tous les mots d’origine espagnole, prononcer le « j » comme un « r » raclant la gorge)
Janout: épicerie où tout s’entasse
Jayouyos: basse classe, genre Groseilles
Kémia: amuse gueule
Migas: plat composé de semoule et de boudin ou petit salé
Mojos: morve
Montécao: savoureux petit biscuit rond à la cannelle
Mouna: brioche de Pâques
Ne pêche pas: ne te fais pas sauter
Otra sardine al fuego: il ne manquait plus que ça
Pelotas: boulettes de viande dans des feuilles de chou
Potager: évier
Potajé: soupe épaisse faite de légumes, haricots et petit salé
Roicos: biscuits à l’anis ou au vin blanc
Sarahouel: pantalon bouffant
Stockfisch: morue salée
Syphonnée: folle
Tchanflis: rien
Tchouméo: idiot
Zboub: truc
Zriba: abri de fortune en toile, tout dépenaillé

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LE NÔTRE

b0000766.JPGIl n’est pas très grand mais il tient beaucoup de place depuis quarante trois ans. Comme bon nombre d’enfants adoptés, sa date de naissance est approximative; il est apparu dans nos vies en février 63. Martha me le présenta un soir à la pension. Il ne souriait pas mais avait un air plutôt gai. Brun aux yeux bleus, on avait dû le maquiller légèrement avant de l’abandonner car il avait la mine rosée et les lèvres caminées. Il ne se séparait jamais de son habit de Pierrot immaculé, la tête bien calée dans son col boule, la seule coquetterie de sa tenue vestimentaire se limitait à deux boutons l’un vert et l’autre rouge. Je n’ai jamais vu ses mains, elles sont toujours restées dans ses poches; quant à ses pieds, ils sont restés à tout jamais serrés l’un contre l’autre, dans ses galoches rouges.

Nous étions dans un lycée de filles, dirigées par des vieilles filles aux ventres secs et nous devions de toute urgence nous inventer des vies de femmes pour échapper à la contagion !!
Tous les soirs, Martha et moi, nous retrouvions notre rejeton que nous avions baptisé LE NÔTRE . Il nous attendait toute la journée, il dormait la plupart du temps, dans l’un des cabinets de toilette du dortoir. Entre deux cours ou deux études, nous l’évoquions avec des sous entendus: »Et dans quoi il est LE NÔTRE ? Et dans la trousse de toilette, tiens ! »

Quand nous avons quitté notre prison, Martha a assuré pendant des années la garde de LE NÔTRE. Un beau matin, le facteur a sonné à ma porte. Il m’a remis un petit paquet de forme allongée. A l’intérieur il y avait une boite de dentifrice et à l’intérieur de la boite, son chapeau blanc, pointu est apparu. Il n’avait pas changé!

Depuis il vit avec moi. Il a vécu tous les déménagements et comme il n’a pas voulu rester dans la trousse de toilette, il a subi toutes les intempéries. Il s’est craquelé, ratatiné. Son habit de lune s’est troué, son visage s’est renfrogné et son nez est devenu camus….Il n’a pas pour autant sorti les mains de ses poches!! Si je le touchais, il se casserait en deux car sa tête ne tient qu’à un fil; alors je me contente de le regarder de temps en temps.

Il m’arrive de recevoir un petit paquet, à l’intérieur il y a une babiole dans une jolie boîte marron estampillée de bleu, avec la marque blanche du célèbre chocolatier parisien LE NÔTRE, petit clin d’oeil de Martha qui n’a pas oublié.

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UN SORBIER PEUT EN CACHER UN AUTRE


L’une des filles de la mère Sorbier porte le même prénom que moi. Etrange coïncidence : les purs produits du Baby Boom, de sexe féminin, répondent tous, comme c’est original, aux doux noms de Nicole, Françoise ou Marie -Claude. J’ai connu une Scarlette mais celle-là était l’une des graines emportées par le vent via l’océan Atlantique!!

.Quoiqu’il en soit, M. Sorbier, revenons à elle,a les sourcils et les cheveux proportionnellement charbonneux à sa méchanceté. Elle me fait mettre à genoux et me jette des pierres, heureuse de lapider cette blondeur anormale. Elle me nargue avec son nounours. Mon père, celui du couscous, a perçu le larcin. Aussitôt, sa fibre égoïsto-paternelle vibre et menace de se rompre s’il ne prend pas illico le premier train pour la ville voisine. Il revient, aussi triomphant que dans les abris d’Alger, avec un nounours qui ressemble comme un grand frère à celui de la noiraude. Il voudrait bien que j’aille à mon tour narguer la méchante mais c’est à peine si j’ose me montrer, le nounours caché derrière mon dos.

Un matin, ma mère me donne un plein sac d’épluchures de légumes que l’on destine « au cochon des Sorbier ». L’expression à elle seule est savoureuse quand on pense que les deux premiers mots pourraient se mettre au pluriel et le troisième perdre son S!! Me voilà devant la porte de nos adorables voisins.
« Madame Sorbier, c’est moi  » Je vais rester là un quart d’heure à répéter la phrase avec une toute petite voix. A l’intérieur, nulle réponse, nul craquement. Elle dira plus tard à ma mère  » Pauvre chérie, qué lastima, je ne pouvais pas lui ouvrir, je donnais le bain à mon fils »


A présent, je les vois parfaitement, comme sur une scène de théâtre, l’oreille collée à la porte, étouffant leurs ricanements. Des Sorbier il y en aura toujours. Réfléchissez bien : quel est le vôtre ?

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VUE PANORAMIQUE

J’ai deux ans. Je suis à Bouanifia, dans ce sud étouffant et je vis presque nue. Ma soeur suce avidement et en roulant des yeux, les bouts en tétines des seins de ma mère. Je voudrais bien goûter moi aussi, et je goûte en effet. Rien qui justifie cette mouillure reconnaissante au coin des yeux de ma soeur. La saveur amère de ce colostrum amélioré piquera longtemps ma langue. Il faut dire que je fais partie de ces gens que l’on dit « goûteurs » : la moindre émanation un peu âcre ou acide, passe de mes narines à mes papilles.

C’est à cette même époque que je fais comme tous les timides maladifs, les expériences les plus téméraires. Madame Sorbier, notre voisine, est venue voir le bébé. Elle se tient avec ma mère sur le grand palier du premier étage, si magnifiquement énorme. Son équilibre est sans faille étant donné la répartition harmonieuse des bourrelets de graisse. Je voudrais bien savoir ce qu’il y a là-dessous. Je me glisse, je rampe,petite boule bouclée et, tapie sous l’imposante jupe, je m’immobilise et lève soudain la tête vers des profondeurs sans nom !!

Cette expérience a tué dans l’oeuf mon hypothétique penchant pour le voyeurisme !

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Le brun et sa blonde


Il attend depuis quelques minutes dans l’antichambre de Madame Sultan. Madame Sultan, la « délivreuse » au nom de favorite de harem. Il évoque toutes les senteurs d’un Orient transporté en Afrique du Nord.
« C’est une fille.
-Encore!! »

A midi, heure locale, elle a cherché la sortie. Il faut croire qu’elle l’a fait exprès. Le couscous était là, fumant sur la table. Tant pis, naissance oblige, on s’affaire, on s’égare, on court un peu, on transpire, pour un peu on perdrait les eaux. Il fait semblant de bouger un peu lui aussi mais dit qu’il arrive, qu’il n’y a pas le feu après tout! On s’affole peut-être pour rien. Il faut dire qu’il n’est pas père pour la première fois. Les accouchements il connaît, quand il a eu son premier………..!

Bref, on ne peut pas laisser le couscous en plan. Pendant la guerre déjà, alors que les sirènes déchiraient la nuit dans Alger endormie, il restait seul au cinquième étage, stoique, enjambant les bombes afin que sa femme et sa fille ne mourussent pas de faim. Triomphant et rescapé, il faisait une entrée très remarquée dans la cave, café et biberon au poing.

Une deuxième fille! Bah! On se calme un peu, d’ailleurs le couscous commence à faire son effet, on ferait bien une petite sieste.
« Allons voir. Mais……..elle est blonde !
-Vous n’avez qu’à chercher dans les voisins ! Ah! Ah! »
Quel humour, cette sultane!
Il a l’air de dire « Comment peut-on être blond? « , un peu comme on dirait « Comment être persan? « 
Ce racisme paternel est bien légitime quand on est soi-même très brun et fier de l’être et qu’à vingt ans, sur les boulevards de Bône, on sévissait sous le doux nom de « Z’yeux noirs  » .

Quoiqu’il en soit, le bébé blond a hérité de ce regard de braise et évitera à son père des descentes musclées parmi les quelques vikings égarés à la frontière du Sahara!!!

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J’en suis scotchée!


Ô heure bénie, entre toutes, le silence entre dans mes oreilles et surtout dans ma tête! Ils sont tous là, concentrés, ils cherchent, mordillent. Ils sont mignons finalement! Quand je suis en colère contre eux, j’essaie de me calmer et je me dis qu’ils sont d’anciens nourrissons, potelés, doux comme du velours, aussi adorables que mes bébés à moi……enfin presque, il ne faut pas exagérer tout de même!

Quoiqu’il en soit, ils se cassent la tête sur le contrôle que je leur ai concocté et….même Didier ne bouge pas. C’est inquiètant, d’ailleurs, il a un petit sourire béat et…..mais ou sont passées ses mains? Elles sont sous la table! Il n’est pas en train de……, non mais tu divagues, il n’a que douze ans, encore que……..!

« Didier, qu’est-ce que tu fais, qu’est-ce que tu caches sous la table?
-Rien, M’dam.
-Mets tes mains sur la table,dépêche-toi, il reste vingt minutes, tu n’as encore rien écrit!
-J’peux pas, M’dam.
-Dépêche-toi, je vais me fâcher ».
Il sort lentement les mains et….sans provocation ( je le connais mon Didier ), un peu gêné même, il s’exécute. Ô stupeur : il a vidé son rouleau de scotch sur sa main droite! Il s’est carrément confectionné un gant collant, bien serré, parfait!

Son voisin immédiat démarre au quart de tour et fait boule de neige : C’est l’hilarité générale ! Quel est ce goût étrange au fond de ma gorge? Pas si étrange, je le connais trop bien, il monte et roucoule au moment le plus périlleux,; en l’occurrence, s’il sort cela fera désordre, d’ailleurs il est irrésistible et idiot comme son nom l’indique : FOU RIRE !!
« Didier, enlève-moi ça, dépêche-toi. »
Didier s’exécute : crac, crac, crac….
« Ah non! tu vas dehors pour faire ça, tu gênes tout le monde! »
Il sort, referme la porte avec précaution. Le silence s’installe à nouveau, j’ai eu chaud!
Dehors, tout contre la porte, on entend crac, crac, crac…..Le feu d’artifice jaillit dans la classe, je n’en peux plus, le pigeon idiot logé dans ma gorge fait irruption. Je l’expulse avec soulagement, et j’éclate moi aussi; ouf que c’est bon!!!!

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